La SNCF et ses drôles de réductions

Les réductions de la SNCF

Ça vous coûte un bras ? On va vous faire une pe­tite ré­duc­tion…

La SNCF, c’est pas tou­jours sim­ple, c’est cher, mais c’est quand même plus re­po­sant et plus sûr que la voi­ture pour les longs tra­jets. Nous pre­nons donc au moins une ou deux fois par an le train pour al­ler voir la fa­mille à l’autre bout de la France.

Cette an­née nous sommes sept à par­tir, car nous ac­cueillons Han­nah, la chouette cor­res­pon­dante al­le­mande de notre deuxième fille.

La SNCF nous pro­pose sur son site des ta­ris as­sez éle­vés (comp­ter 800 € pour tra­ver­ser la france se­lon l’axe Aix-En-Pro­vence / Lil­le), et à notre grande sur­pri­se, les billets avec une ré­duc­tion à 40 % sont au même prix que ceux sans ré­duc­tion (voir co­pie d’écran de l’époque ci-des­sous).

Copie d'écran de l'époque

Co­pie de l’écran de l’époque. À gauche avec 40 % de ré­duc­tion et à droi­te, plein ta­rif.

Je prends donc le temps d’al­ler au gui­chet de la gare la plus proche (au­jour­d’hui la ligne SNCF est fer­mée, j’ima­gine que la gare aus­si) pour avoir un in­ter­lo­cu­teur ca­pable de me vendre les billets les moins chers.

Je paye la co­los­sale somme de­man­dée par le gui­che­tier — ce n’est pas comme si j’avais vrai­ment le choix — vé­ri­fie que tous les tra­jets cor­res­pondent à ce que j’ai de­man­dé et je re­tourne vers la voi­ture.

Sur le che­min je re­garde les prix et constate désa­bu­sé que le prix d’un voyage pour un adulte sans ré­duc­tion est presque 10 % moins cher que le billet avec la carte de ré­duc­tion fa­mille nom­breuse à 40 % ! In­croya­ble, non ?

Je re­tourne donc à la gare in­ter­ro­ger le gui­che­tier sur cette dif­fé­rence de prix. Il ne com­prend pas, mais pro­pose de m’échan­ger les billets avec ré­duc­tion (donc plus chers) contre des billets sans ré­duc­tions (les moins chers, oui, je sais, ce n’est pas fa­cile de sui­vre)…

Et on peut en­core le vé­ri­fier au­jour­d’hui, il n’y a pas, ou presque pas de dif­fé­rence de prix entre un achat sans ré­duc­tion et un achat avec une ré­duc­tion à 40 % :

Copie d'écran aujourd'hui

Co­pie de l’écran au­jour­d’hui sur le site OUI.sncf pour un dé­part le 23 avril.

Vous vou­lez rire (jau­ne) en­core un peu ?

J’ai en­voyé un mail de ré­cla­ma­tion à la SNCF, en de­man­dant pour­quoi la carte de ré­duc­tion n’était pas ef­fec­ti­ve, et j’ai re­çu la ré­ponse sui­van­te :

Vous de­man­dez le rem­bour­se­ment du billet ache­té au ta­rif LOI­SIR, car vous n’aviez pas votre carte de ré­duc­tion.

Je suis dé­so­lée de cette si­tua­tion, aus­si j’ai le plai­sir de vous in­for­mer, que je viens de pro­cé­der au vi­re­ment de la somme de 49.40 eu­ros. Ce mon­tant cor­res­pond au rem­bour­se­ment to­tal de la ré­duc­tion à la­quelle vous pou­viez pré­tendre au mo­ment de votre voya­ge, grâce à votre carte. Cette dé­ci­sion reste ex­cep­tion­nel­le, et a été prise pour vous re­mer­cier de votre fi­dé­li­té, car lors d’un échange le jour du dé­part, une re­te­nue de 5 eu­ros est ap­pli­quée. Cette somme se­ra dis­po­nible sur votre compte dans une ving­taine de jours, se­lon le dé­lai né­ces­saire aux opé­ra­tions comp­tables et ban­caires.

Avec toute notre at­ten­tion, Na­dia Mine

C’est très gen­til de faire un geste com­mer­cial, mais la ré­ponse reste com­plè­te­ment à cô­té de la plaque.

J’ai aus­si en­voyé un mail à la DGC­CRF, en es­ti­mant qu’il y avait trom­pe­rie dans le fait de pro­po­ser des ré­duc­tions qui n’en sont pas, mais je n’ai pas eu de ré­ponse de leur part.

Quel mo­dèle de so­cié­té veut-on ? Une France où prendre la voi­ture coûte deux fois plus cher que prendre le train, sans comp­ter les ex­ter­na­li­tés né­ga­tives (ac­ci­dents, pol­lu­tion, ren­for­ce­ment du tout pé­tro­le, usure de la rou­te,…) ou une France qui va vers une maxi­mi­sa­tion des trans­ports en com­muns ?

J’ai une pe­tite idée du mo­dèle de so­cié­té que j’ai­me­rais vois fleu­rir dans les an­nées à ve­nir, mais si j’en crois le rap­port Spi­net­ta ou au moins ce qui en trans­pa­rait dans la pres­se, ce n’est pas le sou­hait des élites fi­nan­ciè­res…

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